Thomas LEGRAS, Directeur Adjoint de l’innovation technologique et du système d’information, revient sur l’opération « big-bang » de regroupement des SI des trois hôpitaux psychiatriques Sainte-Anne, Maison Blanche et Perray-Vaucluse pour former le nouveau GHU de Paris : un cas unique de fusion sur la base de la solution CORTEXTE de CAPCIR.
my SIH magazine :: Rappelez-nous le contexte de votre projet ?
Thomas LEGRAS (T.L.) : L’histoire débute avec Communauté Hospitalière de Territoire en 2014. En 2019, c’est la création du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences, un établissement né de la fusion des hôpitaux Sainte-Anne, Maison Blanche et Perray-Vaucluse. La nouvelle structure emploie 5600 personnes dont 600 médecins, avec un budget de 380 millions d’euros. Au total, 60 000 usagers parisiens sont accueillis chaque année par nos professionnels de santé. L’alliance des neurosciences et de la psychiatrie constitue à la fois un héritage et une identité singulière de nos activités, reconnus par les acteurs du territoire tels que la Ville de Paris.
my SIH magazine :: Pourquoi avoir fait le choix de la solution CORTEXTE de Capcir ?
T.L. : Qui dit fusion d’établissements, dit fusion d’applications SI et plus particulièrement du DPI psychiatrique : la solution CORTEXTE de Capcir. Partant de trois bases de données et trois versions différentes d’applications, il fallait, au 1er janvier 2019, aboutir à une seule base de données et une seule application pour un seul FINESS. La solution de Capcir est, à ce jour, le dossier médical psychiatrique le plus diffusé en France. Il répond parfaitement à la gestion médicale. Même si, sur la partie administrative, il n’a pas plus de valeur ajoutée que d’autres, il dépasse ses concurrents sur la partie PMSI et la gestion du RIM-P avec les spécificités de l’activité de psychiatrie. Il est difficile pour un dossier médical plus « générique » qui gère habituellement un PMSI MCO ou SSR de s’adapter aux règles de l’activité PSY. L’autre critère de choix de CORTEXTE est que les trois établissements disposaient déjà de ce logiciel, deux en technologie Web et le troisième en version Client-Serveur 4D. Le passage en CORTEXTE Web nous semblait être la meilleure solution, dans la mesure où, il n’y avait que le personnel de Maison-Blanche à former. Compte tenu par ailleurs de la satisfaction des équipes sur le volet fonctionnel de l’application, il n’y avait pas de raison d’imaginer une complexité supplémentaire…
my SIH magazine :: Quels bénéfices voyez-vous à uniformiser les pratiques autour d’un système d’information intégré ?
T.L. : La fusion de trois hôpitaux, c’est aussi la prise en compte de trois modes de fonctionnement différents et, sur ce point, l’expertise de Capcir nous semblait essentielle. Garder CORTEXTE, c’est aussi conserver les habitudes d’exploitation des établissements avec un minimum d’effort de paramétrage. Par ailleurs, la particularité de notre structure est d’être composée de 140 unités sur 70 sites géographiques. Il nous fallait disposer d’une application facile à déployer. L’application CORTEXTE en mode Web répond parfaitement à cette contrainte. Ajouté à cela les problématiques de reprises de données, franchement, je ne vois pas d’autres solutions de celle de Capcir !
my SIH magazine :: Quels ont été les moyens mis à disposition par Capcir sur un projet aussi structurant ?
T.L. : Nous avons travaillé depuis Mars 2018 avec Capcir sur ce projet de fusion. L’éditeur a su intégrer parfaitement notre contrainte de démarrage au 1er janvier 2019 en mettant à disposition des ressources compétentes le 31 décembre au soir ! Outre la chefferie de projet, une personne était spécifiquement chargée des interfaces et une autre de la reprise des données techniques en base. Plus d’une centaine de scripts ont été conçus pour cette opération. Il faut reconnaître qu’ils ont mis beaucoup de cœur à l’ouvrage car il n’avait encore jamais eu l’expérience d’une fusion et d’une reprise d’historique d’une telle ampleur.
my SIH magazine :: Où en êtes-vous du déploiement de la solution CORTEXTE ?
T.L : Pour le moment, il faut déjà commencer par absorber la fusion tant informatique qu’organisationnelle. A court terme, nous visons une cohérence de paramétrages et de fonctionnalités au niveau du projet global de soins : il faut que tous les sites aient les mêmes réflexes de travail au quotidien avec CORTEXTE. A moyen et plus long terme, notre défi est de nous ouvrir vers l’extérieur sur la base du socle Capcir : ouverture vers les patients, les correspondants, psychiatres libéraux ou encore les médecins généralistes. La mise en place d’une gestion de rendez-vous en ligne a débuté mais, au niveau de la production, le résultat ne sera pas effectif avant 2020. Notre volonté d’ouverture cadre parfaitement avec les objectifs de Capcir dont les progiciels évoluent dans le sens d’un respect des contraintes Hop’En et du programme national « ma Santé 2022 ».
my SIH magazine a eu l’occasion de s’entretenir avec M. Frédéric BATAILLE, aujourd’hui Président de la SAS Capcir, à propos du projet du GHU de Paris. Co-auteur du logiciel, Fredéric BATAILLE travaille depuis près de 30 ans sur l’évolution de l’offre Capcir. En regard des évolutions impliquées par les GHT, Capcir est aujourd’hui dans une nouvelle phase de croissance et en capacité de proposer une offre innovante respectant les contraintes d’uniformisation logicielle tout en se positionnant en acteur de proximité.
Fredéric BATAILLE : Le projet du GHU Paris est à la fois technique et organisationnel. De notre point de vue la complexité se situait au niveau du nombre de connexions et de la volumétrie de la base, sachant par ailleurs qu’il était impératif de démarrer au 1er janvier de cette année. Nous avons procédé à des optimisations sur l’application afin de nous assurer que l’accroissement du périmètre ne puisse pas avoir de conséquences sur les performances, ni engendrer une quelconque dégradation au niveau des utilisateurs. Notre expertise en interopérabilité, sur la base du standard IHE PAM, a facilité l’opération de fusion, la base d’identités étant commune aux trois établissements. Il y avait, d’une part, une fusion côté Maincare Solutions (socle administratif, RH et GEF) et, d’autre part, une fusion côté Capcir pour l’ensemble des activité « métier » dont le DPI. En ce qui concerne les évolutions, elles s’articulent selon trois axes. Sur l’axe interopérabilité, nous travaillons avec le GHU sur une interface IHE LAB pour la récupération des résultats structurés dans le DPI, sachant que nous récupérons déjà les documents. Sur l’axe « métier », CORTEXTE gère déjà les prescriptions obligatoires et une gestion complète du circuit du médicament est à l’étude. Le dernier axe d’évolution concerne les aspects technologiques. Nous confortons notre socle HTML/CSS avec une orientation « Service ». L’idée est d’exploiter le framework Java Spring, côté serveur, pour proposer de nouveaux modules et des API qui amélioreront l’interopérabilité mais aussi l’ergonomie.