Pour garantir un accès rapide, sécurisé et de proximité à l’échographie, le Centre Hospitalier Intercommunal Redon-Carentoir (CHIRC) mise sur l’innovation. Depuis mai 2025, l’établissement s’est doté de MELODY, un robot d’échographie à distance téléopéré développé par AdEchoTech. Piloté à distance par un radiologue et assisté sur place par des opérateurs non formés à l’échographie (manipulateur en électroradiologie, infirmier), MELODY permet désormais de réaliser des examens précis, fiables et entièrement sécurisés. Mais au-delà de la prouesse technologique, MELODY incarne une véritable modernisation de l’offre de soins, favorisant la coopération entre les équipes locales, les sociétés de téléradiologie et les établissements partenaires.
Face à la pénurie croissante de radiologues, le Centre Hospitalier Intercommunal Redon-Carentoir, en Ille-et-Vilaine, a choisi l’innovation pour garantir à ses patients un accès à une échographie de proximité. Depuis mai 2025, l’établissement dispose de MELODY, le robot de télé-échographie développé par AdEchoTech. « Unique solution médicalement validée de télé-échographie au monde, MELODY permet de réaliser des examens de haute précision, télé-opérés à distance grâce à une sonde jumelle. Cette technologie unique est aujourd’hui déployée dans plus de soixante-dix établissements à travers le monde, et a déjà bénéficié à plus de 300 000 patients », souligne Nicolas Lefebvre, directeur d’AdEchoTech. Compatible avec tous les échographes et systèmes de visioconférence, elle fonctionne avec des connexions simples, même en zones isolées, et garantit une transmission fluide et sécurisée des images et de la visioconférence en temps réel.
Pour le CHIRC, ce déploiement répond à une problématique bien connue des hôpitaux : la difficulté à recruter et maintenir une présence médicale quotidienne. « Ces contraintes pouvaient entraîner des délais accrus de rendez-vous ou obliger à recourir à d’autres modalités d’imagerie, moins adaptées en première intention », explique Anne Rousselot-Soulière, directrice de l’établissement. Grâce à la télé-échographie, de nombreux déplacements vers le CHU de Rennes, celui de Nantes ou le centre hospitalier de Saint-Nazaire peuvent être évités, tout en améliorant la continuité et la qualité de la prise en charge.
Une alternative précieuse pour les parcours de soins
« Nous constations une raréfaction des praticiens réalisant des échographies, alors même que le besoin reste important, notamment pour les pathologies abdomino-pelviennes, vésiculaires ou thyroïdiennes », rappelle le Dr Nicolas Chauvel, médecin urgentiste, pilote médical lors du lancement et du développement du projet. Pour lui, l’enjeu était clair : « préserver l’échographie comme examen de première intention, surtout dans des situations où un scanner entraînerait une irradiation inutile, en particulier chez l’enfant ». La télé-échographie se révèle ici une alternative précieuse, en fluidifiant les parcours de soins et en réduisant les hospitalisations prolongées liées à l’attente d’un examen.
Inspiré par le succès d’installations similaires au CH Châteaubriant-Nozay-Pouancé, le projet a été soutenu par l’ARS Bretagne, qui a validé son financement à l’été 2024. Déjà en charge de la télé-interprétation des scanners, IRM et radiographies pour l’hôpital, la société de téléradiologie TIM (Télé Imagerie du Maine) s’est rapidement imposée comme partenaire médical. Les protocoles établis permettent aujourd’hui de réaliser principalement des échographies abdomino-pelviennes, ainsi que quelques échographies thyroïdiennes. Sur place, deux manipulatrices en électroradiologie (MERM) assistent le téléradiologue, qui dispose d’un poste expert pour piloter le bras robotisé à distance. « Nous avons pris le temps de travailler ensemble, de valider les gestes et d’ajuster la méthode pour être parfaitement coordonnés », souligne le Dr Cyrille Jaudeau, radiologue basé au Mans et lui-même utilisateur de la solution en lien avec les manipulateurs opérant sur site.
Une nouvelle dynamique pour les équipes grâce à MELODY
L’intégration du robot a mobilisé un partenariat étroit entre l’hôpital, AdEchoTech et TIM, avec un volet technique et organisationnel particulièrement exigeant. « Nous avons pu l’installer dans une salle déjà dédiée à l’échographie », explique Anne Rousselot-Soulière. Parallèlement, un travail sur l’organisation de l’activité a permis d’articuler efficacement les volets biomédical, informatique et réglementaire.
Aujourd’hui, le dispositif s’est parfaitement intégré au quotidien du service et les retours sont unanimement positifs. Pour les manipulatrices, l’arrivée du robot MELODY a créé une nouvelle dynamique professionnelle. « Elles apprécient cette activité complémentaire, qui enrichit leur pratique tout en rompant la monotonie », constate Corentin Gicquel, encadrant paramédical du service d’Imagerie. Formées en un seul après-midi par AdEchoTech, les deux référentes du service jouent désormais le rôle d’intermédiaire essentiel entre le médecin et le patient.
Des interactions fluides malgré la distance
Les retours des patients sont d’ailleurs particulièrement positifs, « y compris auprès d’une population souvent âgée et réputée plus réticente à l’innovation », remarque Corentin Gicquel. Si la technologie peut parfois impressionner, la curiosité l’emporte généralement. Les explications des équipes et la présence active du Dr Cyrille Jaudeau en visioconférence rassurent rapidement. « Les patients sont très intéressés et, grâce à la qualité du lien vidéo et audio, nous discutons comme si nous étions dans la même pièce », souligne le praticien. Pour lui, la distance n’entrave pas le lien : « il est même enrichi par la collaboration avec les manipulatrices sur place, qui facilitent l’examen lorsque le patient rencontre des difficultés ».
Pour le radiologue, utilisateur du robot MELODY dans plusieurs hôpitaux, la prise en main s’est révélée très simple. Grâce à la sonde jumelle reliée à son ordinateur et manipulée comme une sonde classique, le robot reproduit à distance les gestes de l’expert, instantanément appliqués sur le patient. « C’est une petite gymnastique au début, le temps de se repérer dans l’espace avec le bras robotisé, mais après quelques examens, on maîtrise parfaitement l’outil », explique le radiologue, également directeur médical de TIM. Le léger décalage n’affecte pas la qualité de l’acte : une fois les sondes synchronisées, le radiologue se concentre uniquement sur l’image, comme lors d’une échographie classique. Convaincu, il encourage ses confrères à franchir le pas. « Ce n’est pas compliqué, l’outil est bien pensé et ne présente aucune difficulté réelle », insiste-t-il.
Un modèle inspirant pour tout le territoire
Après une première phase d’expérimentation concluante, l’hôpital se prépare désormais à étendre l’utilisation du dispositif. Deux manipulatrices sont aujourd’hui référentes, mais l’objectif est d’élargir progressivement le cercle des professionnels formés pour accompagner la montée en charge. Plus de 130 patients ont déjà bénéficié d’une télé-échographie, soit une hausse de près de 30 % du volume d’examens réalisés. Pour maintenir la qualité et la fluidité du service, de nouvelles sessions de formation sont programmées d’ici la fin de l’année, avec une exigence particulière : chaque manipulateur formé doit pratiquer régulièrement pour conserver la maîtrise de l’outil.
À terme, l’ambition est claire : passer de quelques vacations hebdomadaires à une activité quasi quotidienne, afin de réduire encore les délais d’accès aux examens et de renforcer l’attractivité du service. Pour y parvenir, le CHIRC mise à la fois sur la télé-échographie et sur la formation interne de ses équipes. Les manipulateurs qui le souhaitent pourront suivre un Diplôme Universitaire (DU) d’échographie, leur permettant de réaliser certains examens de manière autonome. « Cette formation d’un an offrira une montée en compétences progressive et reconnue », précise Anne Rousselot-Soulière.
Le projet de télé-échographie du CHI Redon-Carentoir s’inscrit dans une démarche territoriale ambitieuse. Il ne se limite pas à l’établissement lui-même, et constitue un exemple inspirant pour les hôpitaux de territoire. « La raréfaction des praticiens en échographie est une tendance lourde, qui concerne tous les hôpitaux de taille comparable. MELODY pourrait servir de modèle à d’autres centres », confie le Dr Nicolas Chauvel. Suivie de près à l’échelle régionale, l’initiative suscite déjà des échanges constructifs entre établissements. Au-delà de Redon, ce projet illustre l’importance stratégique du numérique en santé, capable de renforcer l’expertise médicale et d’apporter des solutions concrètes aux défis démographiques et organisationnels du système de santé.

Article paru dans mySIH magazine, édition d’octobre 2025, à lire ici.




